Bien démarrer un système aquaponique

01 July 2025
Démarrer en aquaponie

Vous rêvez de cultiver vos propres légumes tout en élevant des poissons, mais vous ne savez pas par où commencer ?
L’aquaponie est une solution durable, accessible et passionnante pour produire chez soi de manière autonome.
Dans cet article, découvrez les bases essentielles pour bien démarrer votre aventure aquaponique, étape par étape.

Plongez dans l’univers de l’aquaponie


Dans un écosystème aquaponique, les déchets des poissons (riches en ammoniaque) sont transformés par des bactéries en nutriments (nitrates) pour les plantes, qui filtrent et purifient l’eau avant qu’elle ne retourne vers les poissons. Ce système symbiotique présente de nombreux atouts : il consomme jusqu’à 90 à 95% moins d’eau qu’un potager traditionnel en terre, n’exige aucun engrais chimique (les poissons fournissent presque tout), et permet une croissance rapide des végétaux.

L’aquaponie est en plus à la portée de tous avec un peu de patience et de suivi. Prêt à vous lancer dans l’aventure ? Suivez ce guide pas à pas pour démarrer votre propre système aquaponique à la maison, même sans expérience en jardinage ou en aquariophilie.

Qu’est-ce que l’aquaponie ?

L’aquaponie désigne un écosystème où poissons et plantes poussent ensemble en symbiose. Concrètement, vous élevez des poissons dans un bassin et vous cultivez des plantes dans un substrat ou sur l’eau, sans terre. Les déjections des poissons, riches en ammoniaque, sont décomposées par des bactéries nitrifiantes en nitrites puis en nitrates, nutriments assimilables par les plantes. Les plantes absorbent ces nitrates pour leur croissance et nettoient ainsi l’eau, qui est recyclée en continu vers le bassin des poissons.

Ce système en circuit fermé est très économe en eau, avec jusqu’à 95% d’économie par rapport à une culture classique en pleine terre, car l’eau est recyclée en permanence. L’aquaponie permet ainsi de produire des légumes (et éventuellement du poisson) de façon durable, locale et ludique.

Choisir son type de système aquaponique

Avant de démarrer, déterminez quel type de système aquaponique vous convient. Il existe trois méthodes courantes : le lit de culture (à substrat), le radeau flottant (DWC) et la technique du film nutritif (NFT).

1) Le lit de culture consiste en un bac rempli de substrat (gravier, billes d’argile…) où l’eau du bassin est pompée puis redescend, alimentant les plantes. Ce système est très polyvalent et permet de cultiver une grande variété de plantes, avec un milieu stable pour les racines. Ce système est très tolérant aux imprévus : par exemple en cas de panne de pompe, le substrat humide offre une réserve aux plantes qui peuvent tenir un certain temps sans circulation d’eau.

2) Le radeau (système flottant) utilise une cuve où flottent des plaques (radeaux) de mousse avec des trous accueillant les pots des plantes. Les racines baignent en permanence dans l’eau du bassin. Ce système est idéal pour les légumes feuilles (salades, basilic, etc.) à croissance rapide.

3) Le NFT (Nutrient Film Technique) fait circuler un fin filet d’eau riche en nutriments dans de longs tuyaux ou gouttières où les plantes sont disposées. Il permet une culture verticale sur plusieurs niveaux de tuyaux et convient bien aux petites plantes (fraises, aromatiques).

Quelle méthode privilégier pour débuter ? Pour un amateur, le lit de culture est souvent recommandé, car il intègre naturellement la biofiltration grâce au substrat peuplé de bactéries. En d’autres termes, le lit de substrat est plus simple et robuste pour démarrer). Il est également important de faire votre choix en fonction de l'espace disponible pour votre installation.

Matériel indispensable pour débuter

Un bassin pour les poissons : il peut s’agir d’un aquarium, d’une cuve en plastique alimentaire, d’un tonneau ou tout autre récipient étanche. Commencez de préférence avec un volume moyen (200 L ou plus) pour que l’écosystème soit stable.

Un bac de culture pour les plantes : c’est là que pousseront vos légumes. Sa taille doit être proportionnelle au bassin à poissons. Ce bac sera rempli de substrat (pour un système à lit de culture) ou supportera les radeaux ou tuyaux NFT selon la méthode choisie.

Un substrat de culture (si lit de culture) : indispensable pour stabiliser les plantes et héberger les bactéries. Les plus utilisés sont les billes d’argile expansée, le gravier roulé non calcaire ou la pouzzolane.

Une pompe à eau : elle fait circuler l’eau du bassin vers le bac de culture en continu ou par intermittence. Choisissez une pompe adaptée au volume d’eau à brasser (elle doit pouvoir pomper tout le volume du bassin en une heure, typiquement).

Des tuyaux et raccords : pour relier la pompe au bac de culture et permettre le retour gravitaire de l’eau vers le bassin. Du tuyau PVC de 13 mm (1/2’’) convient souvent. Prévoyez également un système de vidange du bac de culture (un trop-plein ou siphon) pour éviter les débordements et assurer le cycle inondation/drainage si besoin.

Un système d’aération (selon le cas) : Souvent, le brassage de l’eau par la pompe suffit à bien oxygéner le bassin. Mais si la densité de poissons est élevée ou le volume d’eau important, une pompe à air avec diffuseur (bulleur) peut être utile pour enrichir l’eau en oxygène.

installer son système aquaponique ?

L’aquaponie peut s’installer aussi bien en intérieur qu’en extérieur, à condition de respecter quelques critères. La lumière est le premier facteur à considérer. Placer le système dans un endroit bien éclairé naturellement est l’idéal, car les plantes ont besoin de suffisamment de soleil au quotidien. Mettez votre installation à l’abri des ombres portées (éloignée des murs au nord, des arbres ou haies qui feraient de l’ombre).

En appartement sans espace extérieur, vous pourrez installer le système près d’une fenêtre ensoleillée. Et si la luminosité est insuffisante, il est possible d’investir dans des lampes de culture artificielles (LED horticoles) pour compléter la lumière naturelle.

L’autre critère important est la température ambiante. En climat tempéré, un système extérieur fonctionne bien du printemps à l’automne, mais l’hiver pose défi. Si vous installez votre aquaponie dehors, prévoyez de pouvoir rentrer le système à l’abri en hiver (garage, véranda) ou bien de protéger poissons et plantes du gel.

L’idéal, si vous en avez la possibilité, est de construire ou d’utiliser une serre. Une serre dédiée à l’aquaponie permet de maintenir un microclimat favorable toute l’année, vos poissons et plantes y seront protégés des intempéries et du froid, tout en recevant la lumière du soleil.

Placez le bassin à un endroit stable et de niveau, facile d’accès pour l’entretien. Enfin, prévoyez une prise électrique sécurisée à proximité pour alimenter la pompe (et l’éclairage si besoin).

Lancer le système aquaponique : les premières semaines

Une fois le matériel en place et l’emplacement choisi, il faut mettre en route le cycle biologique du système avant d’ajouter tous vos poissons et plantes. Il s’agit de laisser le temps aux bactéries nitrifiantes de coloniser le filtre et de transformer les déchets azotés. D’abord, remplissez votre bassin avec l’eau (si possible déchlorée ou reposée 24h pour évaporer le chlore). Mettez en marche la pompe pour faire circuler l’eau.

Au début, n’introduisez que très peu de vie : idéalement, faites un cyclage à vide (sans poissons) ou avec un ou deux poissons nourriciers robustes. Suivez l’évolution de la qualité de l’eau chaque semaine à l’aide de tests : au bout de 1 à 2 semaines, le niveau de toxines ammoniaque va grimper puis redescendre au profit des nitrites, puis ce sont les nitrates qui vont apparaître.

Ce processus prend généralement 4 à 6 semaines pour qu’un équilibre bactérien suffisant s’installe. Soyez patient !

Attendez que les tests montrent 0 mg/L d’ammoniaque et de nitrites, signe que le filtre biologique fait son travail, et quelques dizaines de mg/L de nitrates (nutriment non toxique, consommé par les plantes). Vous pourrez alors intégrer progressivement vos poissons dans le bassin (de préférence à une période clémente du printemps ou de l’automne, hors canicule ou gel).

Introduisez quelques poissons à la fois, en espaçant sur plusieurs jours, pour ne pas saturer le système d’un coup. De même, plantez progressivement votre bac de culture avec des jeunes plants faciles (laitues, basilic, menthe, etc.) afin qu’ils commencent à absorber les nitrates.

Durant ces premières semaines, surveillez chaque jour votre installation : vérifiez que la pompe fonctionne en continu, que l’eau reste limpide, mesurez le pH et les toxines tous les 2–3 jours. Le pH idéal se situe entre ~6,5 et 7,5 pour convenir aux poissons et aux plantes. Une fois le cycle de l’azote établi, votre système aquaponique est officiellement « cyclé » !

Premiers réflexes et erreurs à éviter

Une eau propre, bien oxygénée, à la bonne température et équilibrée en nutriments garde poissons et plantes en bonne santé. Testez régulièrement l’eau (pH, ammoniaque, nitrites, nitrates) et soyez prêt à intervenir si quelque chose dérape (par exemple un pic de nitrites à corriger par un changement partiel d’eau).

Nourrissez vos poissons modérément : la suralimentation est une erreur fréquente. Il peut être tentant de trop les gâter, mais un excès de nourriture non consommée se décompose et fait exploser le taux d’ammoniaque, ce qui déséquilibre et peut intoxiquer tout le système. Une règle d’or est de ne donner que ce que les poissons peuvent manger en 2 à 3 minutes, quitte à fractionner les repas. En aquariophilie on conseille environ 1 cm de poisson par litre d’eau comme densité de base.

Les erreurs courantes à éviter : Sauter le cyclage ou ajouter des poissons sensibles trop vite est la garantie de problèmes (maladies, mortalité).

Aller trop vite ou trop grand : ne démarrez pas sur un énorme système complexe. Une petite unité de 200–500 L est idéale pour débuter : suffisamment volumétrique pour être stable, mais encore simple à gérer.

Négliger l’entretien courant : même si l’aquaponie requiert peu de maintenance quotidienne, un petit tour d’inspection chaque jour est important. Vérifiez que la pompe fonctionne, que le niveau d’eau est correct (compensez l’évaporation régulièrement), que les poissons mangent bien et n’ont pas de signes de stress. Retirez les feuilles mortes des plantes, assurez-vous qu’aucun tuyau n’est bouché par des débris.

Conclusion : À vous de jouer !

Démarrer un système aquaponique chez soi est une aventure passionnante et accessible. Certes, il faut un peu de préparation et de patience au début, mais les efforts en valent la peine. En suivant ce guide pas à pas, du choix du système à son cyclage, en passant par l’installation du matériel et les bons gestes à adopter, vous avez toutes les clés pour réussir vos premiers pas en aquaponie. N’hésitez pas à commencer modestement, à observer attentivement votre écosystème et à intervenir en douceur si besoin. Vous verrez qu’avec le temps, votre petite installation aquaponique gagnera en équilibre et en productivité.

L’aquaponie apporte non seulement des légumes frais et sains, mais aussi une expérience enrichissante au quotidien, éducative pour les enfants et valorisante pour qui cherche davantage d’autonomie alimentaire. Alors lancez-vous sans crainte : même en tant que débutant, vous pouvez réussir à démarrer votre propre système aquaponique à la maison.